Vous l’aurez compris, on vous taquine, il n’y aura pas de Pourcy – Plage de sitôt.

Cependant, les conditions climatiques évoluent et nous amènent à nous questionner sur l’avenir de nos forêts. Ainsi, revenons ensemble sur ce qui caractérise nos belles forêts, les changements qu’elles subissent et l’avenir qui leur est réservé.

Dans un premier temps, re-découvrons ensemble les fonctions principales de nos forêts

Fonction environnementale : protection de la biodiversité

Les forêts sont des réservoirs de biodiversité. Préserver ces espaces en conciliant enjeux économiques et écologiques est une nécessité. Amélioration de la qualité de l’eau et de l’air grâce au stockage du carbone, régulation du cycle des eaux de pluies, la forêt tient une place privilégiée dans l’aménagement du territoire. Entretien des zones humides, conservation d’arbres morts, création de réserves biologiques, gestion des zones Natura 2000…C’est la mission d’acteurs publics comme privés de mettre en œuvre des actions en faveur du maintien et de la richesse de la biodiversité.

Fonction économique : production de bois (bois d’œuvre, bois d’industrie, bois-énergie)

Matériau écologique et renouvelable, le bois s’impose aujourd’hui comme le matériau du 21e siècle. Développement des procédés de chimie verte, bois énergie… Autant de secteurs dans lesquels le bois se révèle un atout incontournable.
Produire du bois dans le respect de l’accroissement naturel des forêts, c’est agir au service d’une économie locale et du maintien et de la création d’emplois ruraux non délocalisables. C’est aussi prendre pleinement part au défi de la transition écologique.

Fonction sociale : paysage, accueil du public

À l’heure où les citoyens sont de plus en plus concentrés dans les villes, les forêts sont des espaces de nature et de ressourcement. Accueillir le public dans de bonnes conditions est primordial. Sur le terrain, cette mission se traduit notamment par la création de sentiers, d’agrès sportifs, de parcours pédagogiques et thématiques, avec une forte attention portée au développement de l’accessibilité.

Protection contre les risques naturels

Beaucoup l’ignorent, mais de nombreuses forêts en France ont été créées par l’homme pour stabiliser les sols et contribuer ainsi à garantir la sécurité. C’est le cas notamment des forêts de montagnes, essentielles pour lutter contre l’érosion des sols et limiter les risques de glissements de terrain.

L’enjeu est donc de trouver le juste équilibre entre demande sociétale, la gestion de bois et préservation de la biodiversité.


Elles sont comment les forêts de la Montagne de Reims ?

Le massif forestier de la Montagne de Reims couvre près de 40% du territoire du Parc. Bordé de coteaux de champagne, le massif compte sur son domaine trois forêts domaniales : Verzy, le Chêne à la Vierge et Hautvillers, situé au cœur du Parc naturel régional (PNR) et toutes labellisées Forêt d’Exception. Chênes, hêtres, aulnes ou encore frênes composent ce massif qui abrite une flore et une faune rarissimes voire uniques.

Les Faux de Verzy participent d’ailleurs à la renommée internationale du massif. En effet, ces fameux hêtres tortillards en font l’espace naturel le plus fréquenté de Champagne-Ardenne (200 000 passages par an). Avec plus de 800 Faux répartis sur une soixantaine d’hectares, le site de Verzy est unique au monde.

Dans le but de notamment protéger cette rareté, le classement du territoire en Parc Naturel régional prend tout son sens. Il est primordial de préserver ce massif qui constitue, en plus des paysages viticoles, l’identité du territoire.

Et les changements climatiques ?

Depuis plusieurs années, les forêts françaises subissent des crises sanitaires. Elles sont les conséquences directes ou indirectes du changement climatique : sécheresse, canicule, maladies, pullulation d’insectes (comme les scolytes et les chenilles processionnaires).

Dans le massif forestier de la Montagne de Reims, les frênes sont violemment frappés par une maladie appelée chalarose. Ce champignon pathogène touche exclusivement cet arbre et entraîne sa mort. Le problème est que la chalarose est une tempête silencieuse : on ne voit pas les arbres mourir tout de suite mais on se retrouve soudainement face à un paysage dévasté. On ne peut pas faire grand-chose face à ce champignon mis à part récolter les arbres touchés par la maladie.

D’ici 2050, le climat devrait évoluer et modifier les paysages que l’on connaît actuellement. Concrètement, cela signifie pour les forêts :

  • Changements de productivité
  • Evolution des conditions de gestion (limitation des périodes de portance des sols, multiplication des crises, difficultés de régénération)
  • Déplacement des aires de répartition (des insectes / maladies des arbres, des espèces)
  • Mise en difficulté des essences forestières

Sans oublier une augmentation de la température d’environ 2°C sur le territoire (source : DRIAS), ce qui nous rapprocherait petit à petit d’un climat du sud-ouest de la France.

Comment intervenir ?

Et si on laissait nos forêts se débrouiller toutes seules ?

Classer certains espaces du massif forestier en réserve biologique intégrale pourrait être une solution pour protéger des espèces et habitats remarquables. Il serait également intéressant de voir ce qu’il se passerait en termes d’évolution des cortèges d’espèces si l’on plantait des secteurs qui on besoin d’être reboisés, puis laissait faire la forêt (comme la méthode du docteur Miyawaki). Quelles seraient les espèces qui se développeraient par exemple autour des bois morts (ce compartiment qui est peu présent dans les forêts gérées) ?

Il faut savoir que la forêt s’adapte naturellement aux changements. Cependant, si les changements sont trop rapides, il est difficile pour le massif forestier de s’acclimater.

Ainsi, une autre méthode de gestion peut également être mise en place pour aider les forêts. En plantant de manière plus judicieuse par exemple. Il faut privilégier la régénération naturelle partout où le renouvellement à l’identique est possible. Toutefois, dans les secteurs déjà détruits ou de grande fragilité, cela consiste à faire des essais avec des espèces parfois issues d’autres zones géographiques, moins sensibles à la sécheresse et plus adaptées au climat futur.

Il est important de relever que cette démarche ne se fait pas obligatoirement par artificialisation et introduction d’essences exotiques.

Quel est le rôle de la Charte dans tout ça ?

En Montagne de Reims, 70% des forêts sont privées. Or étant donné que le problème dépasse les limites de propriété, le Parc peut assurer la coordination entre tous les partenaires au service de son paysage emblématique et classé avec son massif forestier au coeur.

Ces stratégies mises en place doivent faire l’objet d’une bonne connaissance de la part des acteurs du territoire. Dont c’est particulièrement le cas au Parc naturel régional de la Montagne de Reims.

Ainsi, lors des concertations autour du projet de charte, il faudra anticiper les changements à venir, définir nos ambitions ; en étant en accord avec la Charte forestière en cours et le label Forêt d’exception. Et surtout, la Charte doit permettre d’inscrire sur le long terme ce qu’on souhaite faire pour la forêt, les espèces présentes, en tenant en compte des enjeux sociaux et économiques.


Bravo à vous d’être arrivé jusque ici !

Que pensez vous des problématiques auxquelles sont confrontées nos forêts ? Est-ce selon vous, un sujet à prioriser dans l’écriture de cette nouvelle Charte ?

À bientôt !

Lexique

Réserve biologique :
zone protégée située en forêt, souvent fermée au public, ayant l’objectif de protéger des habitats ou espèces particulièrement représentatives du milieu forestier et/ou vulnérables.

ONF :
Office national des forêts

Forêt domaniale :
forêt appartenant à l’État

Essence forestière :
Dans le jargon des forestiers, une essence forestière désigne généralement une espèce d’arbre, mais cela peut parfois être une
sous-espèce ou variété qui présente un intérêt en sylviculture et qui a des exigences biologiques particulières.

CRPF :
Centre national de la propriété forestière